Article à retrouver dans le numéro Psy Cause mars 2007

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Les humeurs océaniennes

Le premier Congrès Francophone de  sychiatrie s’est tenu au mois d’octobre dernier à Papeete en Polynésie Française. De l’avis unanime se fut, je crois, un plaisir partagé et réciproque de rencontrer nos amis et confrères de l’autre bout du monde. Si le « musée imaginaire », héritage de l’homme du XXe siècle, doit à Gauguin, quelques-unes de ses images favorites ; elles rappellent à l’européen que nous sommes, enlisé dans les tracasseries de la vie quotidienne, une île où l’on ignore apparemment toute lutte pour la vie et qui compte la beauté parmi ses qualités gratuites. Cette nostalgie du paradis imprègne certainement nos pensées vagabondes en mal d’un Jardin d’Eden. C’est dans la nuit du 26 octobre que nous arrivâmes, après vingt et une heures de vol, vingt et une heures de fiévreuse attente, d’impatientes rêveries vers la terre désirée, nous aperçûmes les feux de lumière du petit aéroport de Faaa.

A l’occasion, ces dernières années, de mes nombreux voyages en Polynésie, l’idée commune a progressivement fait son chemin de vouloir organiser un congrès à Tahiti avec pour intention avouée de faire se rencontrer l’ensemble des professionnels de la santé du monde océanien et celui des autres territoires francophones. L’enthousiasme du projet à mobiliser Madame la Ministre de la Santé du gouvernement de Polynésie Française, la Direction du Centre Hospitalier de Polynésie Française et tous les acteurs du système de soins de Tahiti sans oublier les différents acteurs et partenaires sociaux du territoire.

Le thème du congrès centré sur les troubles de l’humeur à volontairement ouvert la porte aux cadres médico-juridique et administratif mais également aux ethnosciences. Il est reconnu presque unanimement que la culture véhicule des représentations de la maladie liées à celles de la normalité et aux modèles de conduite d’un groupe et qu’elle influence les catégories populaires de la maladie. Ainsi les approches plus contextuelles de la catégorisation diagnostique prennent en compte des éléments anthropologiques et se distinguent d’une position universalisante et d’une catégorisation liée à la prééminence de la culture occidentale sur les autres cultures. Simone GRAND a magnifiquement ouvert cette première soirée en évoquant les prémices de la création du monde selon l’univers culturel polynésien. « Les Humeurs Océaniennes » ont ainsi permis d’exposer des regards croisés et faire se rencontrer des pratiques anthropologique et psychiatrique, soucieuses d’engager un dialogue raisonné et utile entre les sciences sociales et les sciences de la vie, principalement pour l’occasion dans le monde polynésien.

Le Docteur LEHERICY venu de Nouvelle Calédonie, médecin psychiatre au Centre Hospitalier de Nouméa, développa un argumentaire sur la souffrance psychique des insulaires et les stratégies de soins apportées tandis que Philippe PALOMBO, Directeur de l’établissement néocalédonien présentait un Vade Mecum de projet d’établissement.

Enfin, Pascal SCHINDELHOLZ Cadre Supérieur de Santé au Département de psychiatrie du Centre Hospitalier de Polynésie Française donna en quelque sorte le « pouls » et la « température thymique » du personnel soignant.

Nous avons voulu réunir dans ce premier dossier, essentiellement les communications de nos hôtes à l’exception (pour des raisons de timing) des sujets relatifs aux enfants et adolescents qui feront l’objet, prochainement, d’un numéro spécifique de la revue Psy Cause.

Docteur Philippe Khalil

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